• Chapitre 1 : les Maudits

              

          Chapitre 1 : les Maudits


    Obscure était recroquevillée sous ses maigres couvertures.
    Quelques planches mal assemblées de la vieille cabane qui lui servait de logis laissaient filtrer de la lumière. Le petit tas de paille sur lequel elle dormait ne ressemblait plus à grand chose.
    Elle se frotta la tête, ce n'était pas la première fois qu'elle faisait ce rêve, cette petite fille qui s'échappait d'un enfer de flammes et cette Maudite aux yeux rouges qui attendait l'enfant. Le prénom Lacie lui revenait sans cesse, mais lui était inconnu.
    Obscure se caressa machinalement l'épaule, un pentagramme noir et luisant était peint dessus. Mais quelque chose attirait son regard.
    Un petit paquet de feuilles mortes était posé sur le sol, comme dans son rêve. Elle préféra l'ignorer, songeant à la faute de son imagination.
    La jeune fille se releva de sa couche et alla s'agenouiller près d'une planche branlante pour la soulever. Elle fouilla à tâtons dans la minuscule trappe et en ressortit quelques pommes ainsi qu'une cape de velours noir et un petit sac en toile. La vieille cabane commença à s'ébranler, des gamins lançaient des pierres pour s'amuser.
    Obscure serrait les dents pour résister à la tentation de riposter et se redressait. Elle enfilait silencieusement la cape, dissimulant ses cheveux rouge cerise et ses loques d'habits. Elle avait volé la cape à des voyageurs peu soigneux.
    La petite cabane tanguait dangereusement tandis que les gamins poussaient des cris de satisfaction.
    Cette fois-ci, Obscure les ignora et sortit discrètement par par la charnière qui lui servait de fenêtre. Un vent glacial la fit frissonner. La cabane était un peu enfoncée dans la forêt, en retrait du village.
    La jeune fille observait les enfants qui continuaient à s'acharner sur sa cabane en allant sur le chemin. Sa cape noire ne la dissimulait pas, sur le gra. Le jour se levait doucement sur la forêt de pins.
    La neige craquait sous ses pieds pendant qu'elle se rapprochait du village. Quelques oiseaux posés sur les branches des pins blancs et majestueux chantaient.
    Les flocons de neige tombaient du ciel argenté tels des milliers de cristaux.
    Une fois sortie de la forêt, Obscure s'enfonça dans sa cape et baissa ses yeux jaunes aux paillettes dorées. Les portes du villages étaient grandes ouvertes, les gardes devaient assister au grand discours de la Chasse.
    Elle profita de cette occasion pour se faufiler discrètement dans le village. Les rues étaient bondées et silencieuses, seuls quelques murmures discrets se faisaient entendre. Une grande estrade était posée en plein centre et tous les habitants étaient emmitouflés dans leurs épais manteaux, l'air endormis.
     Debout sur l'estrade, un vieil homme se préparait pour son discours. Obscure se renfrogna à sa vue. Il ouvrit sa bouche endentée en même temps que ses bras que l'on devinait osseux, tous les bruits cessèrent, il commença:
     - Bonjour, chers amis. Nous sommes ici pour parler de la grande Chasse, qui se déroulera comme chaque année le 25 décembre, c'est-à-dire dans moins d'une semaine.
     La foule acquiesça bruyamment tandis qu'il continuait:
     - En temps que doyen du village, il est de mon devoir de raconter la même chose tous les ans. Les Maudits sont des monstres. Des créatures qui ne devraient pas exister. Il ne méritent pas d'êtres appelés Humains. Il porte d'ailleurs la marque des Monstres, le pentagramme !
     A chacune de ces paroles, Obscure serrait les poings. Les paillettes de ses yeux avaient disparues, laissant place à des yeux jaunes et sauvages.
     
    - Leur apparence est bien laide. Seuls leurs corps nous ressemblent, leurs yeux et leurs cheveux sont différents des autres, bien heureusement.
     Le vieil homme s'interrompit pour reprendre son souffle. La jeune fille était obligée d'assister à ce discours jusqu'à la fin pour revoir Glaciale.
     - Nous savons tous que le 25 décembre est le jour où ils sont nés, le jour où ils sont apparus sur Terre ! Et il est de notre devoir, à nous, des Humains respectables, de les chasser ce jour-là, de les traquer et de les tuer ! criait le vieillard pour ponctuer son discours.
     La foule en délires se mit à hurler de joie, des coups de feu étaient tirés en l'air. Le doyen descendit de l'estrade, satisfait de l'effet produit par son discours.
    Obscure cracha par terre et contourna les villageois. Une Maudite devait se faire discrète.

    Glaciale l'attendait devant une sombre ruelle. Elle se fondait dans la noirceur grâce à sa cape noire. Un rictus était dessiné sur son visage. Ses yeux blancs brillaient sous la cape.
    Les deux jeunes filles se saluèrent d'un hochement de tête. Elles avaient décidé de faire la route ensemble, de fuir ensembles.
     
    - Ce doyen a une prestance folle, n'est-ce pas Obscure ? ricana Glaciale qui savait que c'était la première fois que son amie assistait à ce discours. Tu as préparé tes bagages ?

     

    Obscure souleva sa cape et désigna son petit sac en toile. Glaciale souleva son capuchon, dévoilant sa longue chevelure de la couleur d'une rivière. 

    - Il me reste encore une dernière chose à faire, tu n'as qu'à m'attendre à l'entrée de la forêt de pins. dit gentiment Glaciale.
    Obscure jeta un regard interrogateur à son amie et se détourna sans prononcer un mot. Les villageois discutaient maintenant entre eux, sans faire attention à la Maudite qui se faufilait parmi eux.
    La lueur de ses yeux jaunes brillait pourtant sous la cape rouge.
    Les gardes n'étaient toujours pas à leur poste. La jeune fille passa sans encombres et retourna vers la forêt.
    Les gosses qui étaient postés devant sa bicoque lui bloquait la route, quelques armes improvisées en mains.

     
     

     

    Chapitre 1 : les Maudits


     

    Ombre luttait contre la neige qui tombait en masse du ciel gris. Le garçon tenait son capuchon pour se protéger du mieux qu'il pouvait.

    La forêt de pins dont lui avait parlé le vieux apparaissait dans son champ de vision, telle un mirage, avec les contours des arbres qui s'affaissaient sous le poids de la neige.
    De hautes herbes qui persistaient et lui rendaient le chemin encore plus difficile, était secouées par le vent dans tous les sens.
    Il progressait assez rapidement grâce à son endurance, et en une vingtaine de minutes, il était arrivé dans la forêt. Les collines qu'il avait franchi disparaissaient emportant leur végétation blanche.
    La forêt le protégeait du vent par ses grands arbres blancs. Le soleil se faisait plus fort, illuminant un peu plus les lieux. Plus loin encore, Ombre apercevait un chemin en terre, puis une vieille bicoque, cachée par des pins.
    Des cris d'enfants parvinrent à ses oreilles, ils s'amusaient à jeter des cailloux sur la sorte de cabane. Un peu inquiet, il grimpa sur un des arbres blancs pour poursuivre sa route par question de sécurité.
    Un des deux sabres qui reposaient dans leurs fourreaux se souleva de lui-même et alla se ficher dans le tronc le plus proche, si rapidement que seul un trait argenté fut visible.
     
    A son tour, le garçon plongea vers son sabre et s'y accrocha fermement puis balança ses jambes en direction d'une branche. Il ne se tenait à l'arbre qu'avec ses jambes et d'un mouvement fluide, se projeta dans les airs, pour finir debout sur la branche.
    Sur le chemin de terre, une silhouette rouge appelait son regard. Désintéressé, il préféra retourner à ses activités, et continua son manège d'arbre en arbre.
    Le jeune homme était maintenant à la sortie de la forêt, assis sur une branche d'arbre, et contemplait la scène.
    La silhouette rouge qu'il avait vue n'était autre qu'une jeune Maudite. Elle tentait d'ignorer des enfants, plus bas. Ombre observait, et s'attendait à ce qu'elle s'échappe.
     
    Mais elle restait impassible, alors que les gamins lui crachaient dessus. L'un d'eux souleva le capuchon rouge, une phrase resta suspendue à ses lèvres alors qu'il voyait les yeux jaunes se tourner lentement vers lui.
    Des feuilles mortes se mirent à tomber du ciel et virevoltèrent violemment, ballotées par le vent pour aller fouetter les visages des gamins.
    - Sorcière !
    L'air siffla. Une pierre heurta la Maudite au front. Un filet de sang coula.
    La tempête de feuilles s'intensifia, tourbillonant autour des gamin et les tailladant.
    Ombre se redressa, surprit et en colère. Les gamins hurlèrent de peur et s'enfuirent vers leur village.
    La Maudite continuait d'avancer vers la forêt tandis que le village était ameuté par les enfants.
    Ombre se pencha un peu plus. Les cheveux rouges volaient en harmonie avec le souffle du vent. Les yeux sauvages s'étaient tournés vers lui, mais la jeune fille ne semblait ni surprise, ni intéressée, elle se fichait bien de lui qui la fixait.
    Elle semblait attendre quelque chose. Mais elle ne bougeait pas quand des habitants du village se dirigeaient vers elle, furieux.
     


     

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  • Commentaires

    2
    Elyle Profil de Elyle
    Lundi 12 Décembre 2011 à 18:45

    Merci Nagalia ! :)
    Je vais mettre la suite ^^

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    1
    Vendredi 9 Décembre 2011 à 22:56

    J'aime beaucoup =)

    Vivement la suite ^^



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