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                  Chapitre 2 : un sentiment glacial


    Les villageois se rapprochaient. Il ne restait que très peu de temps à la fille pour s'enfuir. Mais elle restait debout, sans vaciller, et fixait les villageois sans vraiment les voir. Ses cheveux rouges flottaient au gré du vent.
    Ombre fronça les sourcils, saisit un bout de tissus et attacha ses cheveux bleu nuit à l'arrache. 
    Même s'il n'en avait pas envie, le garçon avait l'impression que quelque chose le forçait à agir. Il souleva un pan de son kimono et en sortit un grand sabre noir.
    Les villageois n'étaient plus qu'à quelques mètres d'elle.
    Obscure ne bougeait toujours pas. Elle attendait encore son amie, elle ne voulait plus vivre seule, elle ne voulait plus vivre comme le leur imposent les humains.
    Elle avait décidé de se relever pour ne plus jamais abandonner, et elle venait de se trouver une raison de vivre.
    Un des habitants qui voulait la faire réagir s'approcha doucement vers elle, en restant sur ses gardes. En constatant que la fille se fichait éperdument d'eux, il fit signe aux autres de le rejoindre et sortit une épée de son fourreau. Lentement, il la tendit vers la gorge de la Maudite et scrutait aux alentours pour déceler un quelconque piège. Mais rien ne se produisit.
    Prit d'un sentiment de sureté soudaine, Ombre s'avança brutalement vers elle.
    Cette fois-ci, Ombre sauta de l'arbre et créa la surprise parmi les villageois, leur arrachant quelques cris de stupeur. Il en profita pour se glisser vers la fille et la saisir par la taille.
    Elle sursauta et se débattit quand elle comprit que la garçon voulait l'emmener loin du village.
    Obscure attendait Glaciale, elle avait décidé de désobéir aux principes d'un Maudit, elle ne serait plus seule désormais. Un peu déstabilisé, le garçon la lâcha et la laissa s'enfuir vers le village. Sans trop comprendre ce qu'il se passait, il la suivit.
    Dans sa course, la cape rouge se soulevait, laissant apparaître les pieds nus qui martelaient le sol.
    Les deux gardes étaient postés aux portes et armés de fusils. Obscure ne leur jeta pas même un regard. Les deux hommes vêtus de noir pointèrent leurs armes dans sa direction. Agacé, Ombre brandit ses deux sabres et les lança en l'air.
    Les deux lames noires se redressèrent et plongèrent vers les deux gardes, prêts à tirer. Tout se passa en quelques secondes.
    Les deux gardes étaient étendus sur une marre de sang, la poitrine transpercée par les sabres du garçon. Le jeune homme se dirigea vers les deux corps inertes et s'appuya sur l'un d'entre eux. D'un coup sec et froid, il retira un premier sabre.
    Il fit de même avec le second. La Maudite courrait toujours. Ombre essuya rapidement ses armes et les rengaina.
    Il n'y avait plus personne dans les rues, les habitants étaient tous à la poursuite de la Maudite et de l'inconnu qui la suivait.
    L'estrade du grand discours était encore posé en plein centre de la place. Obscure la dépassa et poursuivit sa route sans problèmes. Elle prit un petit virage et déboula sur une seconde place, plus petite.
    Au centre de celle-ci était disposée une grande fontaine gelée. La jeune fille s'arrêta brusquement, et faillit tomber.
    Ombre stoppa sa course, se méfiant de la Maudite. Il crut apercevoir des gens dans leurs hautes maisons l'espace d'un instant. Les villageois ne les poursuivaient plus, Ombre ne percevait plus les bruit de pas ni les cris de guerre.
    Des feuilles mortes se mettaient à tomber du ciel, plus nombreuses et plus violentes que les fois d'avant. Dans le tourbillon qu'elles formaient, il distingua un vieil homme dégarni qui riait aux éclats. Un rire sadique. Ce vieux était surement sénile. 
     

    Ombre se rapprocha prudemment.
    Obscure serrait ses poings violemment mais ses yeux restèrent secs. Les deux yeux jaunes dont les paillettes dorées avaient disparues, étaient réduits à deux fentes. Une grande confusion et une atroce sensation de peur s'étaient emparées d'elle. Sa colère emporta tout.

     

     

    Chapitre 2 : un sentiment glacial

    De grandes ronces en feu surgirent du sol. La neige ne les éteignaient pas et semblait, au contraire, les attiser. Le sourire narquois du vieillard s'était effacé pour laisser place à une expression de terreur. Les plantes enflammées allaient dans sa direction pour le lacérer de coups.
    Ombre frémit de rage. Le corps d'une fille était jeté dans la neige, de la manière d'un détritus. Elle était couverte de sang. Une touffe de cheveux bleus emmêlés recouvrait son visage. La Maudite gémissait de douleur, le garçon ne comprenait pas ce qu'elle tentait de dire.
    Le jeune homme se dirigea lentement vers elle et l'appuya sur la fontaine. Des larmes ruisselaient sur son visage presque défiguré. Elle lui murmura une phrase.
    Celle-ci le mit hors de lui. Une rage folle s'emparait peu à peu de lui.
    Ombre fut interrompu par des hurlements. Les feuilles mortes continuaient de tomber et il s'y était presque habitué tandis qu'elles commençaient à recouvrir le sol. La Maudite qu'il poursuivait était paisiblement endormie sur un tas de feuilles, alors que plus loin, le vieillard qu'il avait aperçut poussait des hurlements et était roué de coups par des ronces. Le garçon eut un petit rire d'angoisse et attrapa la Maudite sur ses épaules.
    Son sourire s'effaça rapidement quand il alla voir le vieil homme. Les coups et les feuilles s'étaient arrêtés.
    Ombre reposa la fille et s'accroupit en face du chef du village qui lui lançait un regard implorant. Une petite pancarte était fièrement agrafée sur son épaisse veste noire indiquant son nom.
    Le jeune homme défit une partie de son kimono, dévoilant ainsi son cou. L'humain pâlit d'angoisse. 
    La lame d'ébène plongea et s'enfonça dans le corps du vieil homme.
    C'était finit.


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